La Route 66 ne sera pavée sur toute la longueur qu’en 1937, soit onze ans après son inauguration. Entre temps, certaines sections particulièrement difficiles causeront bien des soucis aux premiers voyageurs… comme celle de la Bajada Hill !
À sa naissance en 1926, la Route 66 est un patchwork hétéroclite de « vraies » routes bitumées, de chemins fermiers et d’anciens sentiers indiens. Sur les deux-tiers de sa longueur, elle n’est qu’une piste en terre soumise aux aléas du climat.
Autant dire que l’emprunter n’a rien d’une sinécure, notamment au Nouveau Mexique : neiges en hiver et orages violents en été y transforment souvent le simple voyage en véritable expédition. C’est particulièrement vrai au niveau de la Bajada Hill, où l’immense plateau se dérobe soudainement dans une brutale descente.
À cet endroit, la Route 66 descendait à pic, dessinant une douzaine d’épingles à flanc de colline. Par temps sec, les modestes automobiles de l’époque avaient déjà des difficultés à grimper la côte : elles étaient parfois obligées de le faire en marche arrière, afin que la gravité continue d’alimenter le moteur en carburant. Par temps de pluie, la route de la Bajada Hill devenait un enfer. Malins, certains habitants de Santa Fe proposaient de louer leurs services de chauffeur aux conducteurs effrayés à l’idée de devoir passer par là !
La popularité de la Route 66 allant en augmentant, le trafic devenait trop dense sur cette portion vraiment délicate. En 1932, la Route fut détournée au sud, à travers une zone plus facile d’accès. Depuis, la route de la Bajada Hill est quelque peu tombée en désuétude. Il est toujours possible de l’emprunter, mais mieux vaut s’y attaquer en 4X4… ou avec de bonnes chaussures de randonnée.
En quittant cette piste en terre, on retrouve enfin le bitume de la Route 66, qui s’enfonce en ligne droite sur des kilomètres dans l’immensité du Nouveau-Mexique.
Mais nous ne sommes jamais totalement seuls : le train n’est pas loin ! Et aux États-Unis, les convois ferroviaires sont couramment longs de plusieurs kilomètres !
Ces interminables serpents de fer sont de rassurants compagnons de route lorsque le ciel se fait lourd. Car au Nouveau-Mexique, les nuages ont une forme tourmentée et inquiétante. Les orages, ici, doivent être d’une violence terrifiante !